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quartiers lointains

copyright CASTERMAN / TANIGUCHI 2002

Quartiers lointains, de Jiro TANIGUCHI

Editions CASTERMAN, collections écritures, 2 albums

Hiroshi travaille beaucoup. Un jour, il l'a promis à sa femme, il ralentira pour consacrer plus de temps à sa famille, à ses deux filles, l'une presque adulte, l'autre adolescente. Mais ce jour là, après un déplacement professionnel et une bonne cuite, les choses lui échappent imperceptiblement. D'abord, il se trompe de train. Au lieu de rentrer chez lui, Hiroshi prend un train qui se rend dans sa ville natale. En chemin, il réalise qu'il a aujourd'hui l'âge auquel sa mère est morte : 48 ans. La coincidence le trouble. Apres la disparition de son père, inexplicable, lorsqu'il était encore adolescent, sa mère a du batailler pour élever ses deux enfants. A-t-elle été heureuse ?

Désoeuvré en attendant le train du retour, Hiroshi erre dans les rues où il a grandit, passe devant sa maison désormais vendue, puis va se recueillir sur la tombe de sa mère. Là il perd brièvement conscience mais, lorsqu'il se relève, c'est le jeune Hiroshi qu'il voit. Bien vite, il s'aperçoit qu'il est revenu dans son propre passé, l'année où son père a disparu sans laisser de trace...

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Bien sûr, la pirouette du retour dans le passé n'est qu'un prétexte pour explorer le thème de l'adolescence et de ses répercussions sur l'âge adulte, des liens profonds de la famille, des blessures secrètes et des rendez-vous manqués avec la vie... Hiroshi découvre avec ses yeux adultes une version de l'histoire de ses parents qu'il n'avait jamais soupçonné. Coincé dans son passé, il réalise qu'il ne peut revivre celui-ci sans rien modifier. Dès lors, un espoir et un doute le tenaillent : est-il ici pour changer le passé, et éviter le départ de son père ?

On s'en doute, ce n'est pas tant pour changer le passé que pour accepter son présent qu'Hiroshi revit l'année où sa vie a basculée. A travers des flash éthyliques, il réalise que sa propre famille lui est en partie inconnue, que sa grande fille est amoureuse et sur le point de le quitter. L'homme de 48 ans qu'il est pourra peut-être comprendre les raisons du départ de son père, tout en intervenant à temps pour sauver sa propre famille.

Un peu moins touchante que dans le très beau "journal de mon père", du même auteur, l'histoire met du temps à s'installer. Ce n'est qu'à la fin du premier tome que l'émotion se décide à poindre. On flirte même avec le pathos. Il n'en reste pas moins que la lecture de ces deux livres est de celles qui enrichit. Après l'avoir dégustée, on en ressort forcément un peu moins bête.