© DUVAL / OGAKI / DELCOURT 2008 METEORS, scénario Fred DUVAL, dessin Philippe OGAKI Editions Delcourt, collection Série B, série commencée en 2008, 2 album parus 2136. Les I.A. (intelligences artificielles) sont devenus perfectionnées au point d'atteindre le stade d'êtres conscients et organisés. Chargées de gérer de plus en plus de domaines de la vie courante, elles ont fait preuve de beaucoup plus de rationalité que les hommes dans leurs choix. En particulier, elles sauvent ce qui peut l'être sur le plan écologique, et protègent les hommes de cette étrange pollution de nanotechnologies, apparue en plein désert du Sahara. Dans la plupart des pays, les I.A. ont été démocratiquement élues par les humains pour prendre le pouvoir politique. Certes, quelques oppositions demeurent. Ce brillant journaliste britannique n'a de cesse de démontrer les dangers de ce transfert de pouvoir, mais un procès bien arrangé devrait l'écarter du devant de la scène. Plus gênant, il y aussi ce petit groupe de têtes brûlées qui expérimentent des scaphandres ultra-résistants, capables de protéger leurs occupants de la traversée de l'atmosphère terrestre. Néanmoins, une opération militaire bien menée, accompagnée par la propagande appropriée, devrait les rayer de la carte. Seulement les I.A., qui gèrent à la perfection tout ce qui est prévisible, sont parfois démunies face à l'inattendu. Or, trois grains de sables menacent d'enrayer leur belle machinerie: quelque part dans l'espace proche de Mars, un pilote recueille la dépouille d'un officier russe officiellement mort chez lui il y a deux siècles, et probablement victime d'une faille spatio-temporelle. Au même moment, une jeune fille déprimée intègre bien malgré elle le groupe des résistants. Pire encore, les I.A. vont peut-être devoir faire face à une résistance technologique... ***************** Difficile de résumer ces album très denses, et très réussis, où l'histoire de plusieurs groupes de protagonistes s'entremêlent, même si l'on devine qu'elles se rejoindront finalement. Sur le thème de la prise de pouvoir par les I.A., on pense à Spielberg, bien sûr, mais aussi au superbe "I.A.N.". Mais là s'arrêtent les similitudes, car l'intrigue s'appuie sur des hypothèses et un climat très différents. Assez logiquement, la plupart des gens, pour lesquels les difficultés du quotidien occultent les réflexions socio-politiques, préfèrent être dirigés par des décideurs rationnels. La terre tourne mieux ! Mais dans les milieux intellectuels, comme dans certaines zones du monde plus méfiantes vis-à-vis de la perte de démocratie, la résistance s'organise. Le graphisme, très beau, surprend par son style "manga" mais sert bien cet univers de S.-F., de même que les couleurs informatisées, vives et chaudes. Chaque scène se déroule dans une unité de couleur. Cette série est l'une de celles qui réussissent une belle synthèse entre la culture manga et la culture franco-belge et occidentale, tout comme "la rose écarlate", par exemple, qui apparaît d'ailleurs sur un poster dans une cellule de la station spatiale. La série est truffée d'un nombre impressionnant de clins d'oeil au ciné et à la BD: l'héroine s'appelle Rita Hayworth, le journaliste adore "2001, l'odyssé de l'espace", l'I.A. se promène dans un magasin remplis de jouets Astroboy... Amusez-vous à retrouver vos propres références ! Une série enthousiasmante, qui renouvelle un peu la science-fiction en BD. |