© CASTERMAN / TANIGUCHI 2009

Un zoo en hiver, de Jiro TANIGUCHI

Editions Casterman, collection écritures, one-shot, 2009

1965 (plus ou moins...) Hamaguchi a 18 ans. il est entré chez un fabriquant de tissus dans l'espoir de pouvoir dessiner les motifs. Mais pour l'instant, il doit se contenter d'un emploi de livreur. Le retour de la fille du patron va bousculer son train-train quotidien. La jeune femme n'a pas accepté son mariage arrangé, elle a continué à voir l'homme qu'elle aimait, et a divorcé. Une honte pour son père, qui lui interdit de sortir seule. Il charge Hamaguchi de la chaperonner. Celui-ci s'acquitte de cette tâche un peu ridicule, mais réalise au contact de la jeune femme que la liberté se conquirt, et qu'il faut tenter d'aller au bout de ses rêves.

Il quitte alors la petite firme pour rejoindre, à Tokyo, l'atelier d'un maître du manga. Les conditions de travail sont démentielles, mais comme tous les assistants, Hamaguchi caresse l'espoir de voir un jour son propre manga publié. Il ne s'attend cependant pas au bouleversement sentimental qui va le motiver pour créer sa première oeuvre.

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Certes, un zoo en hiver vaut comme témoignage du Japon des années 60. La morale provinciale étriquée, la vie des artistes fauchés de la capitale, le fonctionnement quotidien des ruches qui fabriquent les mangas... Mais comme toujours chez Taniguchi, la beauté et la sensibilité du récit emporte tout ! Ici, l'auteur distille quelques éléments autobiographiques pour dépeindre un double éveil: artistique et sentimental. Car la jeune femme que le héros rencontre à Tokyo lui ouvre une poignante histoire d'amour non-dit et sans espoir.

Toujours suggérée, jamais appuyée, l'émotion touche sa cible plus sûrement que si c'étaient des mots, et non des faits, qui évoquent les sentiments des personnages. Lucide et subtil, Taniguchi livre à nouveau quelques clés pour comprendre l'âme humaine. Précieux...