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© MOSDI/VOGEL/DELCOURT

d'albums année du 1er album série en cours série terminée
 4 2002   X

Zone mortelle / dess. David VOGEL, scén. Thomas MOSDI, couleur Sophie BARROUX

Editions Delcourt

A Nice, un tueur en série égorge un professeur d'astronomie, une étudiante, un médecin... Les corps sont utilisés pour une mise en scène très précise. Entre les victimes, un lien évident : deux jeunes gens qui les ont toutes connues et auraient eu un mobile : la jalousie. Mais pour le commissaire Gillioc, chargé de l'enquête, l'affaire n'est pas aussi simple qu'il y paraît.

D'abord parce que le tueur, baptisé Cronos, est un maniaque qui ne laisse rien au hasard. Des indices subtils sont laissés à l'intention de la police. Pour les décoder, le commissaire fait officieusement appel au Dr Mlynarczyk, une psychologue malvoyante. La jeune femme, cultivée et brillante, lui retrace l'histoire de Cronos, le dieu du temps qui tua son père avant de dévorer ses enfants. Elle perçoit ce qui passe inaperçu aux yeux des voyants, devine même une partie des prochains mouvements de l'assassin.

Ensuite, les deux suspects disparaissent, et il semble bien qu'ils ne soient pas les seuls impliqués dans les crimes. La série noire n'est peut être pas le fait d'un acte individuel passionnel.

Une seule certitude : la science ne suffira sans doute pas à comprendre...

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Zone mortelle se positionne sur un créneau finalement assez rare en B.D. : un bon polar "à la française". L'enquête progresse pas à pas, et le lecteur en sait autant que le commissaire, à tout moment. Forcément, ça aide à s'identifier et donne envie d'imaginer, de faire des hypothèses, bref, de mener soi-même l'enquête. Et pour faire travailler nos petites cellules grises -comme aurait dit le sieur Poirot- on nous offre un tueur qui, loin d'être un banal cinglé ivre de violence, s'avère une personne fine et cultivée. C'est un peu dérangeant, mais c'est comme ça...

A partir du second tome, le tueur n'est plus isolé, et on devine qu'un complot international est à l'origine de "déviances" paranormales et d'une pluie de violence. Bien ancrée dans une réalité économique indéniable, l'intrigue gagne en réalisme -en dehors des aspects "surnaturels"- et devient de plus en plus dérangeante: non seulement des cinglés peuvent évoluer librement en défiant la police, mais en plus, ces cinglés, c'est bel et bien notre société qui les a créés.

Seul bémol au réalisme de l'intrigue, cette psy semble vraiment tout savoir sur tous les sujets. Pas croyable une culture pareille !

Le desssin est efficace, lui aussi, et mêle de nombreuses influences. L'observatoire des premières planches évoque les monuments d'Alix et le trait de J. Martin, les traits des personnages rappellent certaines séries récentes, françaises ou américaines. Les ombres et la lumière participent au jeu de l'enquête. Les couleurs, enfin, sont vraiment superbes.

Ames sensibles s'abstenir, mais à cette réserve près, zone mortelle est un grand polar !