les décors, les costumes : Quinze ans de collaboration avec Hergé et une formation de décorateur, cela marque : Roger LELOUP est pointilleux, il prend soin de se renseigner sur les détails, allant même jusquè'à se rendre sur place avant de planter le décor d'une ville, où à réaliser des maquettes pour mieux réaliser les prises de vue. Et cela se voit, par exemple dans le souci du détail de la maquette où s'inscrit la maison du médecin dans "la frontière de la vie". De même, les véhicules reproduisent "au boulon près" des modèles réels.

les technologies nouvelles sont en général mises au service de l'homme, mais elles peuvent devenir redoutables placées entre des mains cupides ou entre celle de fous se prenant pour Dieu. Yoko, électronicienne et vinéenne d'adoption, a moins peur de la technologie que de ceux qui la détournent de son objectif.

"l'héroine aux yeux en amande" est apparue le 24 septembre 1970, à une époque où les personnages féminins de B.D. n'avaient pas sa personnalité et sa profondeur. Femme d'action imprégnée de sagesse orientale, japonaise vivant en Europe, elle sait garder son coeur ouvert et affiche une confiance inébranlable en tout être vivant, respectant toujours ses adversaires et pleurant leur mort. Elle n'a pas peur de les affronter, sans doute parce qu'elle n'a pas peur non plus d'offrir son amitié.

"les fidèles servants" Vic Vidéo et Pol Pitron étaient de simples collègues rêvant de réaliser des reportages ayant pour thème "aux frontières de la fiction". Lorsqu'ils rencontrent Yoko, ils vont vivre au quotidien ce qu'ils n'osaient pas imaginer. Leurs aventures communes vont souder leur amitié. Souvent dépassés par les initiatives de Yoko, ils lui apportent cependant un soutien efficace. De Vic, Roger Leloup nous dit :" Il a un côté paternel, il la calme et la temporise. Alors que Yoko fonce tête baissée, il a besoin de réfléchir, de prendre du recul. " Vic est amoureux de Yoko, mais son attachement reste platonique, pour ne pas exclure les lecteurs eux aussi tombés sous le charme de "la joconde asiatique". Pol, lui, apporte de la fantaisie au trio. Il a aussi le chic pour prononcer des paroles malheureuses ou rompre le fragile équilibre de situations délicates. R. Leloup nous dit "Pol est un peu à mon image : il ronchonne, il est contre tout. il voit uniquement le côté négatif des choses, soit ce qui ne marchera pas. Au départ, il refuse toujours, mais il finit par faire ce qu'on lui demande. C'est le contre-pied de Yoko"

l'enfance est l'âge des émerveillements et des attachements sincères. Un enfant est souvent présent dans les albums. Ainsi apparaît Pôky, soeur jumelle de Khany réveillée 15 ans plus tard. Selon R. Leloup, "cette petite fille au milieu de la technologie et des machines imposantes, c'est un instant de rêve, cela ramène tout à un univers d'enfant. Car je veux rester un auteur pour enfant." Yoko a le fibre maternelle, d'ailleurs, dans le "Dragon de Hong-Kong", elle fait une rencontre déterminante : Rosée, une petite orpheline qui lui est confiée et qui la suivra ensuite dans toutes ses aventures. "J'ai retrouvé les images d'Annick, la petite fille coréenne que j'ai adoptée, lors de son arrivée chez nous. C'est un bol de tendresse dans l'aventure. Elle s'émerveille de tout. Je vis l'enfance de Yoko à travers elle.

Vinéa, planète de feu et de glace, reflète bien les scissions qui apparaissent au sein des vinéens, confiants ou paranoiaques, amicaux ou agressifs. Il y a 400 000 ans, les deux étoiles jumelles de Vinéa se rapprochaient dangeureusement, menaçant de détruire toute vie. Les vinéens durent fuir, et les rescapés parvenus sur terre n'ont de cesse de tenter de rejoindre leurs univers apaisé. D'autres ont réussi à survivre malgré les catastrophes. Mais la planète offre désormais deux visages : une face constamment exposée aux soleils, une face perpétuellement dans l'ombre et balayée par des vents violents. Entre les deux, la vie s'organise. Roger Leloup lève le voile sur la création de cet univers " Son origine remonte à mon enfance. Dans le salon de coiffure de mon père, une publicité vantant la crème Nivéa - que, dyslexique, j'avais transformée en Vinéa - avait attiré mon attention. Avec le temps, l'image s'était décolorée et seul le bleu était resté. une fille, sur l'affiche, avait donc la peau de cette couleur. J'étais convaincu que cette crème rendait la peau bleue. et quand j'ai imaginé ce peuple venu de l'espace, je me suis rappelé tout cela. Il faut - hélas ! - parfois attendre d'être adulte pour pouvoir raconter ses rêves d'enfance."