copyright DELCOURT / DETHAN 2000

Tante Henriette ou l'éloge de l'avarice, par Isabelle DETHAN

Editions Delcourt, collection encrages, 1 album, 2000

L'arrivée de tante henriette au sein de la famille, même pour quelques jours, ternit les vacances des petites filles. Bien élevée, elles ne font pas de commentaires sur les manies pénibles de la vieille dame, mais n'en observent pas moins ses vêtements hideux, son absence d'amabilité et son goût immodéré du ridicule. Richissime, l'aïeule met un point d'honneur à vivre chichement et à se faire remarquer partout où elle passe. Nul autre qu'elle ne retrousserait un jupon multi-décannal devant la boulangère et les clients effarés, pour payer un gâteau (un seul pour les deux enfants) avec un porte-monnaie soigneusement dissimulé dans sa culotte en dentelle.

Mais en grandissant, la petite fille comprend que le bonheur a été rare dans la vie de cette vieille femme qui n'a jamais pu être jeune. Comme tant d'autres, elle s'est mariée sans sentiments, n'a jamais connu la flamme de l'amour, a subi l'avarice de son époux, et a du attendre d'être veuve et riche pour gouter, au moins, à la liberté. Ses excentricités sont une sorte de revanche, et dénotent un certain sens de l'humour qu'elle n'a jamais pu exprimer. Et puis après tout, un sens aigu de l'économie et la sècheresse du coeur ne sont pas toujours liés.