© ALICE / DARGAUD 2007

SIEGFRIED, d'Alex ALICE

Editions Dargaud, série en cours, 2 tomes parus depuis 2007

Au commencement, il y eut l'or, ce métal fabuleux qui confère à celui qui le possède un savoir infini et une puissance absolue, que même Odin, le dieu des dieux, ne peut faire fléchir. Mais le prix à payer est élevé: celui qui aimera l'or n'aimera plus rien d'autre, ni ne sera aimé. Pour faire disparaître cette menace, Odin jette l'or au plus profond d'un fleuve, et le fait garder par l'aînée de ses filles. Mais un jour...

Fafnir, un Niebelung, créature faible et repoussante, parvient à voler l'or. Aidé par Mime le forgeron, il crée l'anneau et amasse un trésor inimaginable. Poussé à la folie par la convoitise et la solitude, il se transforme en dragon et veille sur son trésor. Le peuple des Niebelungen fuit dans l'exil. Sur son chemin, Mime va faire une rencontre déterminante. Car la jeune déesse, gardienne du fleuve, a failli à sa tâche en tombant amoureuse d'un mortel, un homme. Odin les a poursuivis et chatiés sans pitié, mais le nourrisson né de leur amour lui échappe. Surveillé discrètement par une Walkyrie, fille d'Odin, le petit Siegfried sera recueilli et élevé par Mime, dans l'ignorance des dieux.

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Ceci n'est que le prologue du premier tome de la trilogie, centrée sur Siegfried, l'un des personnage de la mythologie nordique. Pour tous ceux, comme moi, dont la culture en la matière est un peu approximative, Alex Alice nous éclaire utilement: la grande épopée de l'anneau de Niebelung est narrée au départ dans la Völsungen saga, une grande compilation de mythes nordiques rédigée en Islande au XIIIème sicèle. On trouve aussi un poème épique allemand. Des ces sources sont nées, en parallèle, deux oeuvres magistrales, deux tétralogies.

Inutile de dire combien d'oeuvres sont dérivées de celles-ci (y compris, récemment, dans le domaine de la bande dessinée). Ce Siegfried là a l'immense mérite de revenir aux sources, en développant la jeunesse du héros, laissée en friche, et en le rendant plus humain, plus accessible.

J'en arrive au commentaire de l'album lui-même, qui sera rapide: rien à dire, c'est parfait ! (et exigente comme je suis, vous ne trouverez pas souvent ce commentaire)

Le dessin est superbe, l'agencement des illustrations intelligent, élégant et facile à suivre -ce qui est rarement le cas, lorsqu'un auteur s'affranchit du découpage traditionnel en cases-. La petite innovation qui consiste a affecter à chaque personnage un type de bulle différent me paraît très sympa. L'intrigue a beau être riche et complexe, voire casse-gueule, nul besoin ici d'effort de concentration excessif pour plonger au coeur d'un mythe vaste et puissant. Et en plus, malgré le rythme de l'action, l'auteur n'oublie pas quelques touches d'humour. Bravissimo !

A noter: un long métrage d'animation est en préparation