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Sarajevo tango

© HERMANN / DUPUIS / 1995

Sarajevo tango, scénario et dessin HERMANN

Editions Dupuis, collection Aire Libre, 1 album, 1995

1993, en Suisse. Une mère affolée et fortunée engage un mercenaire pour retrouver sa fille, coincée à Sarajevo depuis le début des bombardements. Les serbes ont massacré les populations de Vukovar et Dubrovnik, les premiers camps d'extermination se sont mis en place, maintenant, c'est au tour de la population de Sarajevo.

Svenko Duprez, le mercenaire, dont la mère était yougoslave, en a vu d'autres en matière de conflit. Il sait attaquer et se défendre, jauger les risques et avancer. De fait, grâce à ses contacts au sein de la ville, il ne tarde par à repérer la fillette, gardée par son père, un criminel méfiant et bien protégé. La partie s'annonce difficile, d'autant que le nombre d'acteurs présents sur le champs de bataille (les serbes, l'ONU, les casques bleus...) multiplie les imprévus.

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Sarajevo Tango est un coup de gueule : celui d'un auteur qui, à travers un ami yougoslave, a suivi de près les souffrances et les massacres. Celui d'un citoyen écoeuré par les mensonges des medias et l'indifférence de la communauté internationale. C'est bien sur ce point que l'album est le plus percutant, quand il dénonce l'hypocrisie criminelle de nos institutions internationales: à l'ONU, on profère vaguement quelques menaces (en s'excusant presque auprès des serbes d'être obligés de faire semblant de sévir). On affiche de croire que les deux parties en présences sont responsables, et que les victimes, même civiles, sont impliquées dans le conflit. A l'Union Européenne, on se divise, on est incapable d'agir; tout juste, dix ans plus tard, fera-t-on pression sur la Serbie pour que les criminels soit jugés, ce qui n'est pas si mal, sauf qu'il eut mieux valu éviter la guerre et les crimes en question...

Coup de sang écrit sous le fait d'une légitime colère, Sarajevo tango souffre de quelques raccourcis dans le scénario (par exemple, pourquoi le deuxième mari de la mère engage-t-il un tueur pour éliminer la fillette ?). Car, outre le fait qu'Hermann soit (à ma connaissance) le seul auteur de BD à avoir écrit pour dénoncer l'inadmissible, l'intrigue est globalement bien menée, reposant sur des personnages attachants, dont le mercenaire, son vieux pote intello, un journaliste, et la fillette. On voit bien la vie qui continue malgré tout à Sarajevo malgré le chaos. On voit aussi que pour les Serbes, dont certains viennent tirer sur les civils (y compris les serbes restés dans la ville) le week-end, comme s'ils pratiquaient un sport national, la haine est un motif suffisant, nul besoin de chercher des justifications historiques ou morales. D'ailleurs, l'ONU s'en charge à leur place !

Sarajevo tango est une lecture d'utilité publique. A l'heure où la morale, voire la démagogie incite à faire lire aux lycéens les lettres d'un héros de la  résistance mort il y a soixante ans, je propose d'y ajouter, pour faire bonne mesure, cette B.D., plus ludique pour les jeunes, et qui parle de crimes dont les auteurs sont toujours là...

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