copyright DARGAUD / ABOLIN / PONT 2004

OU LE REGARD NE PORTE PAS... scénario Georges ABOLIN Olivier PONT, dessin O. PONT, couleurs Jean Jacques CHAGNAUD

Editions DARGAUD, collection Long courrier, 2 albums en 2004, réédité en un seul album

1906. Barellito est un petit village italien baigné de soleil, où une pêche archaique parvient à faire vivre pauvrement quelques familles. William, le petit londonien, y a hérité d'un domaine légué par son grand oncle. Sa famille décide de faire le grand saut pour venir s'installer à Barellito. Son père a des projets : il va acheter un bâteau, engager des marins, et pêcher en haute mer. Les villageois manifestent immédiatement leur hostilité aux étrangers et à leur projet, persuadés que c'est la mort de leur activité ancestrale. L'apprenti marin anglais a beau objecter que la pêche au loin ne réduit pas le poisson du village, et qu'il ira vendre le sien plus loin, les villageois sont totalement fermés. Cela n'entame en rien l'optimisme du père de William.

Quant à son fils, dans l'insouciance de l'enfance, il ne tarde pas à se faire des amis : la jolie Lisa, dont le père, Francesco, italien étranger au village, n'a jamais pu se faire accepter, Paolo et Nino, deux gamins nés à Barellito. Lisa pense avoir des sortes de dons depuis qu'elle a trouvé un étrange objet. Elle a été capable de deviner que tous les quatre sont nés le même jour. Liés par cette coincidence, les enfants se réunissent en secret et s'inventent des rites. Rien de bien méchant, juste des blagues de gamins...

Mais autour d'eux, les adultes ne rient pas, eux, et le drame couve.

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Unanimement salué par la critique et les libraires, ce superbe roman présente quatre destins entrelacés, à deux époques de la vie.

Le 1er tome retranscrit bien le conflit entre lucidité et insouciance, entre rêve et réalité, qui conduit inéluctablement à la perte de la magie de l'enfance.

Dans un petit milieu fermé où quelques villageois sans instruction mènent une vie rude soumise à leurs propres règles, l'anglais débarque comme un chien dans un jeu de quille. Intelligent mais naïf, il refuse de voir que sa lutte pour le progrès n'a aucune chance de réussir. Autour de lui, sa femme, et Francesco l'étranger dont il est le seul ami, tentent de le raisonner, en vain. Refusant de prendre part à la lutte qui oppose leur parents, les enfants seront les acteurs malgré eux d'un dénouement tragique. Le soleil brille, la mer est limpide et la vie bien douce quand on a dix ans, mais la violence peut se cacher même dans ce cadre idyllique.

La narration intrigue par ses scènes en deux pages qui entrecoupent le récit. Il semble s'agir de souvenirs -sans que l'on sache avec certitude de qui?- des derniers instants de vies antérieures.

Le 2d tome, dont l'ambiance est plus sombre, présente les quatre enfants vingt ans après. Ils s'étaient perdus de vue, mais accourent quand Lisa les appelle à l'aide. Toujours amoureux d'elle, ils sont cette fois tous rivaux de l'amant disparu de Lisa, et vont l'aider à le retrouver, pour finalement comprendre quel lien les unit...

L'un des atouts de cette deuxième partie est d'offrir au lecteur, à travers quatre vécus d'une série d'évènements, toute une palette de réactions et de points de vue.