© DARGAUD / SMOLDEREN / MARINI 2007

GIPSY, scénario Thierry SMOLDEREN, dessin Enrico MARINI

Editions DARGAUD, 6 tomes parus depuis 1993

La couche d'ozone a cédé, et au réchauffement de la planète a succédé un froid glacial. Les transports sont limités au strict minimum, uniquement par train et camion, et les peuples ne communiquent plus. Face à une ONU passive, la seule organisation efficace est une firme, la Selmer, propriétaire d'un vaste parc de semi-remorque qui empruntent la seule infrastructure opérationnelle, la C3C. Cette unique autoroute traverse tout l'hémisphère nord. Elle représente bien sûr un enjeu géopolitique majeur.

Pour les individus, où qu'ils soient, la lutte pour la survie est rude et incertaine. Les plus débrouillards s'en sortent pour tenir plus longtemps que les autres. Parmi eux, Dracu, le gispsy, fier de ses origines gitanes, a même réussi à travailler assez dur pour tirer sa jeune soeur Oblivia de l'orphelinat et lui offrir une vie à l'abri de tout, dans une pension en Suisse. Mais l'argent vient à manquer et la petite princesse doit rejoindre ce frère inconnu, son héros, qui lui apparaît sous les traits d'une brute épaisse, camionneur intrépide et sans scrupule. Pour se refaire financièrement, le gipsy tente un pari risqué : faire concurrence à la Selmer en acheminant des armes vers le noeud du conflit russo-mongol.

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Avant Rapaces et le Scorpion, Gipsy est la série qui a révélé l'immense talent de Marini. Les amateurs des séries qu'il dessinent noteront, dans le premier tome, un clin d'oeil à ses collaborations avec Stephen Desberg: le nom des deux camions, l'étoile et le scorpion. Le dessin est donc la première raison qui m'a poussé à découvrir Gipsy. On retrouve d'ailleurs, graphiquement, le futur trio du scorpion (le héros, la belle brune et le gros hussard), ou encore les vampires de rapaces.

Le scénario n'est pas exempt de quelques faiblesses: on ne peut pas dire que les explications quant au désastre écologique soient très poussées, l'histoire du tsar est un peu fumeuse et imprécise. Mais bon, je fais la fine bouche, car globalement, les ingrédients d'un roman d'anticipation sont là: un désastre a eu lieu, l'humanité régresse et devient encore plus esclave des quelques organisations privées qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu. Fait suffisamment rare pour être noté, le héros est un chauffeur de poids lourds, a priori pas la profession la plus romanesque qui soit. Mais l'opposition avec les autres personnages fonctionne bien: sa soeur élevée dans un cocon, d'autres camionneurs moins intrépides, des femmes courageuses et parfois traitresses, les leaders des factions diverses et variés.

Les auteurs ont voulu dépasser les apparences et présenter des personnages réduits à quelques traits brutaux parce que le contexte dans lequel ils survivent l'est encore bien plus. On pense à une autre bonne série d'anticipation, Neige. Mais Gipsy me plaît davantage par son dessin et parce que le ton reste souvent léger et plein d'humour.

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Enrico MARINI