copyright JARZAGUET / CAPURON / DUVAL / DELCOURT 2001

GIBIER DE POTENCE, dessin JARZAGUET, scénario CAPURON et DUVAL

La guerre de sécession vient de s'achever.  Dans la petite ville de Church Hill, dans le Tennessee, on en est réduit à accepter des dollars yankees pour reconstruire l'église dévastée. Quant à Madame Granger, la femme d'un officier valeureux, dont la plantation est en friche, elle en est réduite à ... faire un casse avec ses enfants pour voler l'argent yankee destiné à l'église. En échange, des hommes qui ont servi sous les ordres de son mari l'aident à organiser un raid sur la prison où est enfermé le colonel Granger.

Dans cette prison, deux hommes viennent d'arriver. L'un d'eux est un détenu, un métis indien, Nathanaël Cooper, accusé de rébellion par l'armée nordiste. L'autre, le capitaine Lopeman, un tueur ivre de vengeance, vient pour interroger Granger. Trois ans auparavant, celui-ci lui a infligé le seul échec de sa carrière. Il n'a pas réussi à retrouver l'officier sudiste, mystérieusement disparu pendant 3 mois alors qu'il était chargé d'une mission ultra-secrète.

L'attaque de la prison tourne au drame, mais Cooper en profite pour s'échapper. en suivant les Granger, il découvre bien vite que le véritable enjeu n'est pas de sauver la vie d'un officier valeureux...

Le dessin est superbe, les décors en particuliers, bien servis par les couleurs dynamiques d'Isabelle Rabarot. La couverture fait évidemment référence à Scarlett O'Hara contemplant son domaine de Tara ("Autant en emporte le vent", pour les ignares), mais là s'arrête le parallèle. Gibier de potence s'annonce comme une série riche en action, en rebondissements, et en personnages intéressants.

Parmi eux, Nathanaël Cooper, le métis, qui porte sur lui la marque de la différence à une époque où, après avoir vaincu le sud, il ne faisait pas bon ressembler à un indien dans les territoires nordistes. On le sent loyal, mais pas aveugle ni stupide au point de servir une armée qui le méprise. Cette approche a le mérite de l'originalité, par rapport au thème déjà exploité du soldat noir dans l'armée yankee.

Autre personnage fort, riche et complexe : Madame Granger. Cette femme de caractère semble aussi être une femme d'honneur. Plutôt qu'accepter l'argent des yankee pour rebatir l'église, elle préfère l'utiliser pour tenter de délivrer son mari. Mais pour une femme d'honneur, elle apprécie un peu trop l'alcool. Et d'ailleurs, son sens de l'honneur s'est subitement réveillé lorsqu'elle a appris que son tendre époux avait été chargé de convoyer un trésor...

Comme eux, tous les personnages évolueront au cours de leur fuite; ils rencontreront d'autres communautés qui ont, elles aussi, des défis à relever. L'un des atouts majeurs de la série, outre la richesse en action et en rebondissement -et, répétons le, un dessin et des couleurs superbes-, c'est qu'elle dresse un portrait assez complet de l'ouest américain en 1860, et des différents groupes sociaux qui composent les futurs Etats-Unis. Bref, une série très riche, et qui présente le mérite rare de se terminer en 4 albums.