Mystérieuse et ensorcelante Egypte, royaume raffiné où l'on excelle dans l'art de goûter aux plaisirs de la vie !

Volontairement ou non, Alix se rendra plusieurs fois dans la patrie d'Enak. D'ailleurs, son jeune compagnon, nostalgique de la douceur des bains sur les rives du Nil lorsque tombe la nuit, n'aura de cesse de le convaincre de s'y rendre. C'est ainsi que la découverte d'une ferme égyptienne dans l'héritage d'Honorus Galla ( cadeau de Ptolémée au père adoptif d'Alix ), ou encore une invitation de Senoris, fourniront d'excellents prétextes pour rejoindre la merveilleuse Alexandrie.

Là, Alix découvre avec délice qu'à part les thermes, remplacés par de picsines en plein air alimentées par le Nil, les romains n'ont rien inventé qui égale l'art de vivre des égyptiens. La médecine y est, on le sait, plus avancée qu'ailleurs (même la chirurgie). Le luxe de la décoration des somptueuses villas de l'aristocratie écrase le déballage de richesse parfois vulgaire des nobles romains. L'épaisseur des murs et des colonnades ne jure pas dans ces demeures aux proportions gigantesques. Les pièces, bien aérées, sont remaquablement fraîches, notamment grâce à l'ombre des nombreuses plantes qui embellissent les appartements.

Le spectacle des danseuses qui précède les banquets, les parfums que l'on répand sur la tête des convives, sous forme de motte de beurre odorante, la musique complexe et légère, tout invite à la satisfaction des sens.

Sans doute Alexandre le Grand, qui reposerait sous l'immense statue d'or et d'ivoire édifiée par le roi Ptolémée, ne regrette-t-il pas que son général favori ait pu, à défaut de conserver son empire, arracher sa dépouille à la folie de généraux devenus des rivaux. Désormais, un mausolée bâti autour d'un cercueil de cristal retrace, à travers de grandes fresques, les plus glorieuses batailles du plus grand des conquérants, dans la ville qui porte son nom et préside aux destinées de l'Egypte.

Depuis des millénaires, les pharaons successifs ont unifié la basse et la haute Egypte, mis en place une administration pléthorique mais efficace, bâti des monuments à la gloire des dieux, des pyramides pour défier le temps et recueillir leur kâ après leur mort. Le Nil, fleucve grandiose, est le véritable coeur du pays. De sa crue annuelle dépend la survie du peuple : en débordant, le fleuve dépose un limon qui fertilise les terres et permet les cultures. Peu à peu, la crue a été en partie maîtrisée grâce à un système d'écluses, mais on redoute toujours l'autre menace du fleuve : les crocodiles qui l'infestent. Même pour un bon nageur, mieux vaut ne pas tomber à l'eau !

Sur les bords du Nil, un convoi funèbre accompagne un riche défunt vers sa dernière demeure. Le corps, momifié pendant 40 jours, a été enfermé dans un sarcophage, et des pleureuses ont été embauchées par la famille pour se lamenter bruyamment.

Camouflé au fond d'un cirque rocheux perdu en plein désert, une forteresse camoufle les noirs desseins d'Arbacès le grec, pharaon imposteur auto-proclamé :

Le palais bâti sur un bâteau, caprice du jeune pharaon Ptolémée IV, rappelle les folies de Louis XIV, notre roi soleil. Mais peut-être est-ce justement un hommage à Râ, le Dieu soleil de l'Egypte. En tout cas cette batisse massive et rayonnante est destinée à éblouir le peuple. A ce moment là, pharaon n'avait pourtant pas les moyens de s'offrir pareille débauche de luxe.