Un peu inclassable, l'épisode sur les terres truquées tranche par son cynisme inhabituel : des clones de Valérian sont envoyés à diverses époques de notre passé ( du moins, en apparence ) pour traquer, selon les injonctions d'une historienne de Galaxity, un E.T. inconnu qui s'y manifeste. Au fur et à mesure que l'on se rapproche du XXème siècle, les doubles de Valérian se font tuer mais les protagonistes se rapprochent. Laureline, écoeurée par la méthode et sceptique quant à sa nécessité, accepte de plus en plus mal de sacrifier les clones pour satisfaire la curiosité de l'historienne, passionnée par son adversaire. Dans Metro Chatelet, direction Cassiopée suivi de Brooklyn station terminus cosmos, Valérian est exceptionnellement séparé de sa compagne. Il a été envoyé sur terre, en 1980, où son contact, Albert, un vieux savant un brin loufoque et un peu philosophe, le conduit en des lieux où se produisent d'étranges apparitions : un géant de terre dans une mine, un dragon de feu dans le métro, un monstre aquatique dans le marais Poitevin...Ces manifestations surnaturelles semblent intéresser au plus haut point les deux plus puissantes multinationales. Insensible à toute cette agitation, Valérian fait son boulot : il désintègre discrètement les intrus. Il faut dire que, si loin de sa belle, les phases de contact direct avec Laureline, partie enquêter dans l'espace sur l'origine de ces phénomènes, épuisent la vitalité coutumière d'un agent endurci comme Valérian, et que les manies insolites du vieil Albert ne sont pas faites pour arranger son humeur maussade. Valérian et Laureline sont à nouveau séparés dans les spectres d'Inverloch. Mais c'est désormais Laureline qui patiente sur terre, au XXème siècle, en Ecosse, chaperonnée par la très stylée Lady Steal, du clan des Mac Cullough. Dans le vénérable château rompu aux apparitions fantomatiques, et reconverti en relais spatio-temporel, on ne s'étonne plus de rien. Reste que ni Valérian, parti capturer un Glapum'tien ( ce qui est tout à fait contraire à ses principes, même s'il ne lui fait aucun mal ), ni Laureline, qui observe sans comprendre comme une atmosphère de fin du monde, ni même Monsieur Albert et les shingouz qui sont aussi de la fête, n'ont une idée précise de ce qui se passe. On sait juste que Galaxity est devenue muette et que la terre encourt les foudres d'Hypsis, une insaisissable planète qui se déplace à sa guise dans l'espace. Ce diptyque est véritablement passionnant, un peu à part dans la série, car, s'il démarre sur un ton léger et nous présente, au début du second tome, Valérian et Laureline en couple amoureux, l'intrigue se complexifie pour devenir carrément métaphysique. Vous pourrez noter un petit clin d'oeil à la collaboration Christin Bilal. Les questions posées donnent à réfléchir, par contre la relecture de la bible et, plus précisément, la vision de son Créateur m'ont laissée un chouia plus dubitative... Galaxity et la terre du XXVIIIème siècle semblent s'être dissous, les deux agents rescapés ont trouvé refuge en Ecosse, dans les années 80, auprès de leurs amis. Des commanditaires discrets louent leurs services et leur technologie avancée pour désamorcer des tentatives réitérées de déclenchement d'attaque nucléaire. Les agents se rendent sur les frontières, ces lieux troubles où, selon Monsieur Albert, "finit un monde et où en commence un autre, ces lieux ont toujours attiré l'amibguité. Contrebandiers, apatrides... ceux qui ont double nature et double langage se retrouvent souvent là". Progressivement, les services secrets parviennent à remonter jusqu'à celui qui est à l'origine des situations de conflit : à sa grande surprise, Valérian reconnaît une des ses vieilles connaissances... Valérian a la nostalgie de sa terre perdue. Laureline, elle, se sent beaucoup moins orpheline; c'est son côté Licorne, sans doute. Mais une information éveille l'intérêt -jamais en sommeil- des shingouz : il existe peut-être un moyen de retrouver Galaxity. Voilà qui ferait bien l'affaire de dieu le père, que ses collègues dieux d'hypsis viennent narguer. Si la trinité ne récupère pas son unique possession, la planète de ces fous de terriens, elle risque d'être déchu, comme l'a déjà été satan avant elle. Cet idiot passe désormais son temps à mourir et revivre éternellement dans l'enfer des niveaux inférieurs de point central. A la jonction des routes de Valérian et Laureline, de la trinité et de satan se trouve la découverte d'une multinationale du XXIème siècle. PAR CES TEMPS INCERTAINS, les parties vont devoir composer et négocier pour l'intérêt de tous et de chacun. |