© MARINI / DARGAUD / 2007

LES AIGLES DE ROME, scénario et dessin Enrico MARINI

Editions Dargaud, 2 tomes parus depuis 2007

An 9 av J.C. Le général Drusus, après avoir pacifié les Alpes, et au prix de trois ans de campagne acharnée, parvient à emporter la victoire sur les redoutables tribus germaniques. Un enfant, Ermanamer, observe avec amertume la reddition des fiers guerriers, et le départ de son frère aîné vers Rome, avec d'autres jeunes fils de nobles. Quelques années plus tard, le jeune homme suit le même chemin. Son statut d'otage lui vaut d'être traité avec égards, et lui permet de recevoir l'éducation d'un jeune noble romain. Rebaptisé Ermanius, il est confié à Titus Valerius, sénateur et grand instructeur militaire. Bien décidé à faire de lui un homme, ce dernier lui adjoint son propre fils, Marcus, dont la mère est un princesse germaine, un enfant sensible que son père veut à toute force endurcir.

Passé un temps de rivalité, la dureté des leçons va contribuer à rapprocher les deux jeunes garçons qui, d'adversaires jaloux, deviendront des frères, et des hommes. Il leur faut à leur tour participer aux guerres romaines. Mais les germains ne se sont jamais totalement soumis, et leurs origines pourraient bien entacher leur destin et leur amitié.

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Pour son premier essai en solo, on pourrait croire que Marini a visionné des peplum, mais c'est plutôt le western qui l'a inspiré. L'histoire d'amitié qu'il a voulu mettre en scène aurait aussi bien pu se dérouler pendant d'autres périodes de conflit, où les évènements mettent à rude épreuve le lien fraternel des deux hommes. C'est l'époque romaine que Marini a finalement choisi, et l'on ne s'en plaint pas. D'autant que l'histoire est annoncée sur un nombre limité d'albums (4 ou 5), ce qui est à la fois une promesse de qualité et un soulagement pour le budget des fans, dont je suis.

L'histoire est bien construite, un chouia trop classique à mon goût, mais passé le premier album de "mise en place", elle gagne en épaisseur. L'auteur s'est manifestement fait plaisir en dessinant une splendide Rome vivante et colorée, et les personnages deviennent un peu plus complexes et ambigüs - notamment celui de Morphea, sans doute l'un des plus intéressants. A Rome, intrigues et complots se nouent et se dénouent, sexe, mensonges et spectacle politique sont de rigueur dans la gestion courante des affaires. Marcus le rêveur et Ermanius l'ambitieux parviendront-ils à préserver leur amitié fraternelle ?