© Casterman / Bihel / Charles 2010

Africa dreams scénario Maryse et Jean-François CHARLES dessin Frédéric BIHEL

Editions Casterman, série commencée en 2010, 1 album paru

Belgique, fin du XIXème siècle. Le roi Leopold a bien compris tout ce que pouvait lui apporter l'Afrique, et en particulier le futur Congo. Ses compatriotes, eux, n'y entendent rien et sont furieux qu’il s’occupe davantage de territoires inconnus que de la Belgique -"Que voulez-vous, petit pays, petites gens", soupire le souverain. En y mettant les moyens, la Belgique parvient à devancer ses voisins pour faire main basse sur le caoutchouc et les ressources minières. A grand renfort de fusils, elle inscrit sur le terrain les frontières tracées avec une règle sur une carte, à des milliers de kilomètre de la terre d'Afrique.

C’est dans ce contexte que Paul Delisle, missionnaire, se rend sur place, espérant secrètement retrouver son père, propriétaire d’une plantation. Cet homme a non seulement disparu lorsqu'il était enfant, mais il a été officiellement rayé de la mémoire collective, ayant fait porter à sa communauté la honte d'avoir quitté sa femme pour une maîtresse. Le jeune Paul se trouve confronté au sort de la population africaine, et ses certitudes d'occidental pétri d'une religion très moralisatrice vont être mises à mal. Officiellement, la Belgique apporte les bienfaits de la civilisation aux sauvages. Mais face aux massacres commis par les belges, Paul, désorienté, risque de devoir un jour choisir son camp.

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Le scénario est romanesque, dans le bon sens du terme : ni la psychologie des personnages, ni les émotions, ni les rebondissements de l'intrigue ne sont négligés. On retrouve les thèmes chers aux auteurs : filiation et transmission, ouverture à des valeurs différentes. Ici, un jeune missionnaire qui refuse de juger les individus comme les autorités, va devoir confronter sa foi à la morale officielle, et faire le deuil de pas mal d'illusions. Face à lui, un père craint et fantasmé, sombre miroir qui lui renvoie une image difficile à assumer, mais sans doute, au final, libératrice.

Le dessin à l'aquarelle met bien en valeur les paysages lumineux comme les actions les plus sombres. Cette série s'annonce riche et très intéressante, appuyée par un graphisme à la hauteur de la beauté de l'Afrique.